De nombreux articles évoquent aujourd’hui une aggravation de la charge mentale provoquant du stress et de l’épuisement professionnel chez l’ensemble de la population et en particulier chez les cadres managers.
L’enquête Ifop-Mooncard de juin 2023 indiquait à cette date que 87% des cadres étaient « stressés par leur travail », un chiffre identique à celui de l’année 2022 mais qui s’aggrave sur les dernières années.
Les managers sont de plus en plus sous tension dû aux nombreuses mutations technologiques, sociales et environnementales inédites. En effet, l’utilisation de l’intelligence artificielle, les nouvelles attentes et aspirations des salariés et de la direction, sont autant de raisons qui peuvent illustrer cette problématique.
Ils doivent guider leurs équipes vers le succès individuel, la réussite collective et la performance, en agissant de manière intelligente, humaine et éthique, tout en respectant l’exigence de se manager eux-mêmes efficacement.
Finalement, réduire et équilibrer sa charge mentale devient un défi crucial pour les managers. Au-delà de s’assurer un bien-être individuel, c’est une clé essentielle pour diriger, inspirer et engager les équipes dans un monde en constante évolution. Le management de soi devient une priorité pour tout manager aspirant à exercer et à se développer sereinement dans son métier.
1. Auto évaluation de votre charge mentale.
La charge mentale est souvent associée à un état de surcharge qui affecte la concentration et la créativité. Elle se manifeste par une lourde fatigue mentale, une irritabilité croissante, et peut même mener à un sentiment d’envahissement complet, une sorte de déconnexion de la réalité, comme si on n’avait plus les « pieds sur terre ».
Il est crucial pour chaque manager de savoir s’écouter et de reconnaître les symptômes d’une charge mentale excessive pour éviter d’atteindre un point de saturation.
Voici quelques questions et réflexions pour mesurer votre charge mentale :
· Vous sentez-vous souvent confus ou dépassé ?
· Votre confiance vous pousse-t-elle à minimiser les dangers, même dans des circonstances critiques ?
· Comment évaluez-vous les défis auxquels vous faites face ?
· Basez-vous vos décisions sur des intuitions ou des analyses factuelles ?
· Comment jugez-vous votre degré de fatigue ?
· Quelle est la qualité de votre sommeil ?
· Réussissez-vous à maintenir un sommeil réparateur malgré les pressions ?
-> Vous pouvez également effectuer le test de l’indice de votre charge mental via le IFOP/Mooncard dont voici le lien : Indice de charge mentale professionnelle.
Félicitations si vos premières impressions de cette lecture sont positives !
Cependant, je vous encourage à continuer votre lecture…
La sensation de « perdre pied » peut se présenter rapidement et échapper souvent à votre vigilance, menant potentiellement à des erreurs professionnelles.
Restez donc attentif aux signes avant-coureurs, car ils peuvent se manifester à tout moment et altérer votre jugement.
2. Prendre conscience des erreurs courantes en management :
– En management d’équipes et des personnes :
Si vous commencez à vous dire que vous contrôlez toutes les situations, vous êtes certainement sujet au biais de l’Illusion de contrôle : Penser que vous pouvez tout contrôler est une erreur fréquente. Accepter que certaines variables échappent à votre contrôle peut vous aider à mieux répartir votre énergie.
Si vous favorisez ou défavorisez certains membres de l’équipe, vous êtes sous l’emprise du biais de sympathie/antipathie : Favoriser ou défavoriser inconsciemment certains membres de l’équipe sans considérer leurs mérites de manière objective entraine le manque de cohésion et de motivation des membres.
Si vous organisez des rôles, des missions et des tâches auprès de votre équipe en oubliant de reconnaître et de valoriser les efforts, vous omettez le biais de la « paresse sociale » : Dans l’attribution des rôles, missions et tâches au sein d’une équipe, il est crucial de considérer le phénomène de la « paresse sociale ». Ce dernier survient lorsque la formation d’un groupe se fait sans mécanisme pour identifier et récompenser les efforts individuels, entraînant une baisse d’environ 50 % de ces efforts.
– Dans les prises de décision/position :
Si vous considérez toutes les situations urgentes et que vous privilégiez systématiquement l’action à la réflexion, vous vivez le biais de préférence pour l’action : privilégier l’action plutôt que la réflexion est le premier facteur de non-qualité et d’erreurs dans la prise de décision/position.
Lorsque vous commencez à vous entêter ou à refuser de « lâcher prise », vous faites preuve de persévération (coûts irrécupérables) : Ce biais conduit à persister dans une action non bénéfique, ou à rechercher des informations qui soutiennent vos positions ; surtout lorsqu’on a beaucoup investi en temps, en énergie, en argent et autres ressources.
– Dans les relations avec les pairs et la hiérarchie :
Si vous n’écoutez plus activement vos équipes ou la direction, vous êtes dans le biais d’autorité ou le biais d’omission. Ces biais peuvent limiter votre approche critique et ouverte qui permet de stimuler l’innovation, la créativité et l’exigence.
Ainsi, une connaissance et une prise de conscience de ces biais et de ces comportements associés, révélateurs de charge mentale excessive peuvent vous conduire à la gérer et à la réduire en complément d’autres solutions.
3. Quelles solutions pour diminuer la charge mentale ?
Il existe de nombreux conseils pour retrouver un équilibre mental, se répartissant principalement en deux catégories. La première se concentre sur l’état d’esprit, avec des stratégies telles que l’apprentissage de la relativisation, du lâcher-prise, de la rassurance, et de la gratitude. La seconde catégorie propose des méthodes pour optimiser l’organisation de vos activités, utilisant des outils comme la matrice d’Eisenhower ou la méthode Pomodoro, afin de mieux structurer votre temps et vos efforts.
Bien que les méthodes conventionnelles puissent être utiles, elles ne sont pas toujours efficaces car elles dépendent des particularités individuelles. Ainsi, je souhaite mettre en lumière deux approches distinctives que j’utilise dans mes accompagnements et qui ont considérablement aidé à réduire la charge mentale, à savoir : la décontextualisation négative et être acteur conscient de ses propres représentations mentales des situations.
Ces stratégies vous aideront non seulement à retrouver un équilibre mental mais également à améliorer vos performances en tant que manager leader.
– Stratégie de décontextualisation négative :
Qu’est-ce que la contextualisation négative ? Ce sont les informations négatives que nous recevons chaque jour par rapport aux informations positives. Ces informations peuvent être entendues et relayées par les médias ou à l’interne de l’entreprise, par vos équipes.
Le ratio est en général de l’ordre de 5 pour 1 (i.e. 5 informations négatives pour 1 information positive).
Il est observé en milieu expérimental que le bombardement d’informations négatives génère :
· Des baisses d’énergie de plus de 50%,
· La perte d’enthousiasme dans la recherche de solutions,
· Une baisse de moral,
· Une baisse de performance
La contextualisation négative nous conditionne et aggrave le biais de disponibilité, c’est-à-dire que nous allons chercher spontanément les informations négatives : celles que l’on entend le plus souvent.
Cependant, une stratégie de décontextualisation négative est possible.
Quelques conseils pour une stratégie de décontextualisation négative :
1. Contrôler les informations que vous recevez et votre niveau d’exposition :
Privilégier les sources d’infos positives et Identifier le niveau de risque qui est le vôtre d’être atteint par la contextualisation négative (par exemple, mettre en place une évaluation sur une échelle de 0 à 10).
2. Se distancier et relativiser l’information reçue :
Privilégier les faits plutôt que les opinions. Les informations que nous entendons comportent bien souvent ¼ de faits et ¾ d’opinions ; les opinions ne sont pas la réalité.
3. Regénérer son niveau d’énergie :
Pratiquez des activités qui vous permettent de vous distancer émotionnellement des informations. Cela peut inclure la méditation, la réflexion critique, ou simplement de choisir de se concentrer sur des activités et des pensées qui renforcent votre bien-être.
– Être acteur conscient de ses représentations mentales des situations :
Maintenir une cohérence entre vos valeurs, vos pensées et vos actions est crucial pour gérer efficacement votre charge mentale. L’alignement de ces éléments renforce votre authenticité et votre résilience face aux défis. La capacité à maîtriser ses émotions et à maintenir une autorégulation constante sont des piliers du manager leader.
Se laisser contextualiser négativement ou positivement conditionne nos croyances et la représentation immédiate que l’on se fait d’une tâche, d’une mission ou d’une activité à accomplir. Cela nous engage dans une spirale soit d’échec ou soit de succès.
Voici les schémas explicatifs :
Pour conclure,
Le management de soi passe par une gestion efficace de votre charge mentale. D’une part, cela est bénéfique pour votre propre bien-être personnel et professionnel, d’autre part, cela est révélateur d’un leadership authentique et éthique.
En tant que manager leader, vous êtes le modèle à suivre pour vos équipes. Votre capacité à gérer votre propre stress et votre bien-être influence directement la culture et la performance de votre organisation.
Je vous encourage donc à prendre un moment pour effectuer un bilan sur le degré de votre charge mentale afin d’identifier les domaines dans lesquels vous pourrez la réduire, en utilisant les outils proposés dans cette newsletter.
Rappelez-vous que prendre soin de soi est la première étape pour prendre soin des autres : une vérité fondamentale dans le management comme dans la vie.
Quelles sont vos réflexions sur les défis actuels du management ? Comment votre entreprise aborde-t-elle cette évolution ?
⭐ Hélène lopes – Cultiver l’excellence individuelle, nourrir la puissance du collectif.
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